Juin 2022 restera dans l’Histoire comme l’un des mois les plus sombres pour la démocratie américaine. En quelques jours, la Cour Suprême a adopté quatre arrêts synonymes de monstrueuse régression démocratique. Le premier annule une loi de l’État de New-York interdisant le port d’armes de poing en public, encourageant ainsi la passion morbide des Américains pour ces dernières, à l’origine d’une épouvantable hécatombe. Le deuxième annule l’arrêt « Wade vs Roe » de 1973 qui avait donné aux femmes américaines le droit d’avorter malgré des restrictions imposées par certains Etats. Le troisième étend la place envahissante d’une religion chrétienne aux accents évangéliques intégristes de plus en plus marqués en légalisant la pratique de la prière dans les écoles publiques. Le quatrième limite les pouvoirs de l’État fédéral pour lutter contre le réchauffement climatique. Ces quatre arrêts, pris par une Cour suprême dominée par des juges ultra-conservateurs, dont trois nommés par Trump, s’appuient sur une interprétation littérale dite « originaliste » de la Constitution de 1787. Puisque le droit à l’avortement n’était pas admis à la fin du 18e siècle, il est donc légitime de l’interdire au début du 21e ! Cela plonge un pays plus divisé que jamais dans une crise politique profonde où la guerre civile larvée que se mènent depuis cinquante ans les deux moitiés quasi égales et irréconciliables de la société peut dégénérer en affrontement violent. Le chaos qui en résulterait serait tout à l’avantage des régimes autoritaires et totalitaires comme la Russie et la Chine qui nient les valeurs de la démocratie, postulent son déclin et s’emploient activement à l’affaiblir. JLM