Longtemps, les découvertes des femmes scientifiques ont été « oubliées ». Seul le nom de Marie Curie, lauréate de deux prix Nobel, était connu. La route a été longue pour que leurs contributions à la recherche deviennent visibles et soient reconnues. Depuis quinze ans nous avons assisté à une accélération de la reconnaissance des femmes au plus haut niveau scientifique. Des exemples ? Elinor Ostrom, première femme à recevoir le Prix Nobel d’économie en 2009 suivie par Esther Duflo en 2019. Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier qui obtiennent en 2020 le Prix Nobel de chimie pour la découverte du « ciseau génétique Crispr-Cas9 ». Sans oublier Françoise Barré-Sinoussi, en 2009, lauréate pour la découverte du virus du sida.
Alors, à quand le Nobel pour Katalin Karikó, l’immunologue hongroise, aussi modeste que brillante, qui a permis la mise au point des vaccins anti-Covid à base d’ARN messager? Une reconnaissance largement méritée !
A de tels niveaux d’excellence, on est loin des réactions populistes telles que celle de Ueli Maurer, Ministre suisse des finances, national-populiste notoire, qui a publiquement affirmé un jour que « la place des femmes est au foyer, près de leurs enfants »… Sans commentaires ! JM
« Longtemps, les découvertes des femmes scientifiques ont été « oubliées », » Est-ce vérité pure ou exagération? Le Cercle, ayant pour objectif de lutter contre le populisme qui, comme on le voit partout, s’appuie sur le mensonge, se doit d’être soucieux de la vérité qui est par essence extrémiste. On pouvait écrire plus sûrement « Longtemps des découvertes de femmes scientifiques ont été oubliées ou accaparées par des hommes. »
Pour les femmes, le chemin à parcourir est en effet long ! En 1763, le Dr Samuel Johnson n’a pas hésité à dénigrer le discours des femmes en disant que cela lui faisait penser à … un chien qui marche sur les pattes antérieures : « It is not done well; but you are surprised to find it done at all. » ! En 1953, une physicienne anglaise, Rosalind Franklin, après des mois de travail ardu, arrive à analyser des photos lui permettant de comprendre la structure de l’ADN. Elle est au seuil d’une découverte monumentale. Cependant, voulant obtenir des preuves empiriques de la structure en double hélice avant de publier ses théories, elle se contente de parler de ses idées lors d’une conférence. Quelques mois plus tard, ce sont ses collègues et rivaux (Jim Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins) qui dévoilent la structure de l’ADN en se basant sur des photos dérobées et les analyses de Rosalind Franklin, qui, elle, n’est jamais mentionnée ! Franklin est morte d’un cancer en 1958 et le Prix Nobel a été attribué à Watson, Crick, et Wilson quatre ans plus tard, toujours sans mentionner le travail de pionnière de cette femme brillante. Un exemple parmi tant d’autres !