Par José Figueiredo
Le president du Brésil, Jair Bolsonaro, ne recule devant rien pour mériter le titre de Trump tropical. Non seulement il a qualifié la pandémie de Covid-19 de « petite grippe » et accusé les médias de provoquer une « hystérie » dans la population mais, en désaccord avec son ministre de la santé qui promeut des mesures strictes d’isolement social conformes aux recommandationsde l’OMS, il cherche maintenant à s’en débarasser. La lutte contre le coronavirus au Brésil a rapidement pris une tournure politique.
En demandant aux autorités locales de revenir sur « le concept de terre brûlée, l’interdiction des transports, la fermeture des commerces et le confinement de masse”, Bolsonaro est entré en conflit avec une bonne partie du monde politique brésilien et avec la communauté scientifique.
Régime présidentiel mais également Fédération d’Etats dirigés par des gouverneurs élus, le Brésil se retrouve dans une situation inextricable alors que la pandémie progresse rapidement. Plusieurs gouverneurs, surtout des Etats du sud qui abritent les grandes métropoles, n’ont pas écouté le Président et préféré suivre l’approche recommandée par l’OMS provoquant une cacophonie au plus haut niveau car de nombreux parlementaires et même des ministres du gouvernement s’opposent aujourd’hui à leur Président.
Pendant ce temps, dans les favélas, se posent des questions fondamentales. Tout d’abord, comment faire comprendre à ses habitants, qui vivent dans une grande promiscuité, l’importance du confinement et comment l’organiser dans des zones de logement totalement précaires ? N’est-ce pas dans ce type de quartiers que la pandémie risque d’être rapidement incontrôlable ? Mais c’est aussi là que vivent en majorité des travailleurs/ses du secteur informel dont les revenus déjà incertains vont s’effondrer face à la disparition des offres de travail des quartiers plus aisés et sérieusement confinés. D’ou viendrait alors l’argent pour la survie de la famille ? Les sources sociales de revenus seront-elles suffisantes ? C’est peu probable ! Et ce sera encore pire pour ceux – et ils sont nombreux – qui ne disposent même pas d’un soutien de l’Etat.
N’est-ce pas – dans l’urgence absolue – le moment de mettre sur la table des négociations le revenu universel inconditionnel de base tel que le propose BIEN (Basic Income Earth Network) ?
José Figueiredo