Par Clara Zarembowitch
L’analyse des ravages de la pandémie due au Sars-COV2 (plus de deux millions de morts dans le monde à ce jour) est d’ores et déjà on ne peut plus claire : aux inégalités face à la maladie selon l’âge et les comorbidités s’ajoutent celles, criantes, liées aux conditions socio-économiques. En Ile -de- France par exemple, c’est en Seine-St Denis, département ayant un fort taux de pauvreté et une importante population issue de l’immigration, que la mortalité entre mars 2020 et avril 2020 a le plus augmenté (+118%) par rapport à l’année précédente.
L’arrivée des vaccins fin 2020 va-t-elle contribuer à réduire ces inégalités ?
Pas du tout semble-t-il, tant sont nombreux les signaux d’alarme émis par les médecins et acteurs médico-sociaux en France mais aussi ailleurs en Europe pour pointer les effets pervers de la politique « premier inscrit, premier servi ». Particulièrement en cette période de relative pénurie de vaccins, ce sont bien les sujets qui ont le plus de ressources, qui sont le plus à l’aise avec l’informatique, les mieux entourés par leurs proches qui obtiennent des rendez-vous dans les centres de vaccination. Les autres, les plus précaires ou présentant le plus de facteurs de risque ou encore les personnes très âgées vivant à domicile, sont laissés de côté.
Aller au-devant de ces populations vulnérables en permettant par exemple aux professionnels de santé de leur réserver des rendez-vous dans les centres de vaccination, de même que contribuer à une juste répartition des vaccins entre pays riches et pays à faible revenu est une urgence à la fois éthique et sanitaire : en effet, réduire partout et pour tous la circulation du virus et de ses variants est la seule façon de faire reculer la pandémie. Pourtant en Suède, pays dont nous louons les vertus démocratiques, le projet présenté par l’Agence de Santé d’étendre la vaccination aux « sans domicile fixe et aux sans papiers » a été abandonné sous la pression de la droite et de l’extrême droite…
Oui, combattre contre ces armes de sélection massive que sont aujourd’hui le virus et les difficultés d’accès aux vaccins, c’est réduire les effets des inégalités socio-économiques dont nous savons bien combien elles nourrissent la montée des populismes.