Une mèche rebelle

Un nouvel acte courageux a fait ces jours-ci la une de nos quotidiens. Les femmes iraniennes se révoltent et manifestent suite à l’arrestation par la police des mœurs puis au décès de Hadis Nafaji, jeune Iranienne kurde. Qu’avait-elle fait ? Elle avait retiré son hedjab ! Une mèche de cheveu à l’air libre : un réel acte de fronde et d’appel à la liberté dans un pays où bon nombre de femmes sont pourtant éduquées, fières et investissent tous les niveaux de la société (droit de vote, élection, études, travail, …). Elles subissent cependant une loi arbitraire qui exige d’elles qu’elles se plient à des règles vestimentaires surannées. Règles plus ou moins suivies d’ailleurs, comme l’écrivaient Delphine Minoui et Azar Nafisi [1], qui en disaient long sur la manière dont ces règles pouvaient être déjouées. La révolte est là, latente. Et la situation s’embrase, une nouvelle fois. Quel acte courageux que celui de ces femmes qui brûlent publiquement leur voile au péril de leur liberté et de leur vie ! Que faire pour soutenir leurs folles prises de risque ? Notre passivité face à leur situation, comme à celle des femmes afghanes, ou à celle des appelés de force à la mobilisation en Russie, sont autant de signes de notre impuissance personnelle, comme de l’impuissance de nos démocraties face à la répression au quotidien dans le monde. JM


[1] Minoui, D. (2007). Les pintades à Téhéran. Chroniques de la vie des Iraniennes, leurs adresses, leurs bons plans.Paris: Ed. Jacob-Duverner.

Afisi, N. (2003, 2005). Lolita à Téhéran. Traduction Dumas M.H. Paris : 10/18.

4 Replies to “Une mèche rebelle”

  1. Il me semble qu’il y a une différence entre le droit à la liberté qui est refusé aux femmes iraniennes et celui de s’opposer à la conscription en Russie. En effet la mobilisation peut être un droit d’un Etat devant se défendre contre une agression, dans le cas présent la contestation est celle du mensonge par l’auteur de l’agression, simultanément de l’ordre de conscription et le reproche qui est fait aux manifestants par les Ukrainiens et quelques pays européens est de ne s’être pas exprimés dès le lancement de cette guerre.

    1. Petit bémol mon cher André. Oui, bien sûr, il y a de nombreuses différences entre les différentes catégories de protestation contre les violations du libre-arbitre. Celui du port vestimentaire ou plutôt du droit de refuser des injonctions d’autorité de type religieux touchant à l’accoutrement (par religieux j’entends ici qui ne relève d’aucun consensus ou majorité démocratiquement acquis, tirant sa légitimité de …Dieu voire la tradition), n’est pas en tout point semblable à celui de refuser d’aller combattre, de suite ou potentiellement, un pays voisin déclaré agresseur, ce que tu nommes ici refus de conscription. Je te rappelle qu’il existe un mouvement ici-même des « objecteurs de conscience », lui-même traversé de motivations plurielles. A mon sens, il est légitime de comparer comme Jacqueline l’a fait ces deux manières de refuser l’autoritarisme comme relevant de la même aspiration à la liberté et à la démocratie. Et reprocher aux « déserteurs » d’aujourd’hui de ne pas l’avoir fait au moment de l’invasion, est un mauvais procès. Personne n’est obligé de se montrer courageux, et il y de multiples degrés dans le courage. Assimiler le moindre courage (ou le manque de lucidité) à la lâcheté qui est son contraire n’est pas de bonne guerre, même si ça se comprend.
      Bien amicalement.

  2. Maria Weber dit : Répondre

    Quelle émotion! De voir des actrices françaises mondialement connues comme Juliette Binoche, Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Marion Cotillard et beaucoup d’autres encore, se couper une mèche de cheveux en solidarité avec les femmes iraniennes fait chaud au coeur! Certes, ce n’est qu’un petit geste comparé à l’enfer que les femmes doivent affronter quotidiennement en Iran, mais un geste symbolique qui montre que la liberté des femmes n’a pas de frontières… Bravo!
    https://www.youtube.com/watch?v=u8y3wQa_vqU

  3. Bravo et merci à Jacqueline (dont il faut deviner le nom par ses initiales ce qui me donne l’occasion de regretter de ne pas voir systématiquement les auteurs de chaque contribution et donc de pouvoir trier par auteur). Il faut que ces choses soient dites et senties !
    Pour ma part, je pense que combattre l’obligation de porter le voile (couvrant le visage etc) dans les pays théocratiques ou à religion d’Etat est symétrique du combat de son interdiction faite ici sous prétexte de laïcité (à mon sens dévoyée de son sens premier qui est le combat de l’oppression religieuse sur les institutions) dans nos pays « démocratiques ».

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